Le 15 avril 2019, un grave incendie ravage la cathédrale Notre-Dame de Paris. Si les dégâts matériels s’avèrent moins conséquents qu’envisagés et que l’acharnement des sapeurs-pompiers a permis de sauvegarder la majeure partie de la cathédrale, sa charpente en bois des XIIe et XIIIe siècles est partie intégralement en fumée. Cela dit, les arbres qui ont servi à la confectionner venaient de la forêt primaire, rapporte Bertrand de Feydeau, vice-président de la Fondation du Patrimoine, à Franceinfo. Or, des arbres de cette taille ne peuvent, selon lui, plus être trouvés en quantité suffisante sur le territoire national pour reconstruire la charpente à l’identique. Dans ces conditions, la perspective de reconstruire Notre-Dame de Paris à l’identique vole en éclats et, avec elle, l’idée d’effacer les sévices de cet incendie.
Ce qui est arrivé le 15 avril dernier va donc marquer durablement la face de ce monument emblématique de Paris, si ce n’est de la France. Et les générations à venir ne connaîtront pas la cathédrale telles que nous et des millions d’autres avant nous l’avons connue. La cathédrale est donc définitivement altérée. Au-delà de ces considérations matérielles, Notre-Dame de Paris est un monument classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et sa charpente, pour y revenir, surnommée la forêt, est un élément architectural unique qui en faisait un point d’intérêt majeur.
Face aux travaux à venir, c’est tout un pan de la population qui ne pourra pas visiter Notre-Dame comme elle était jusque-là. Pour combler ce fossé et compenser cette impossibilité, les vidéos et les photographies sont certes un excellent moyen de se remémorer ce que fut Notre-Dame. Mais impossible d’interagir avec ces supports. Dans ces conditions, le jeu vidéo, dans lequel l’interaction avec le support est clé, semble le plus à même de prendre à bras le corps les enjeux mémoriels véhiculés par cette perte.
Cette version perdue du monument, que nous ne pourrons plus jamais voir en vrai, pourra continuer d’être visité grâce aux jeux vidéo. Et, dans ce domaine, Minecraft peut tirer son épingle du jeu.
Minecraft, un média adapté
Certes, Minecraft n’est pas le jeu dans lequel on trouvera la reproduction la plus réaliste de Notre-Dame. À ce petit jeu-là, Assassin’s Creed: Unity tient le bon bout et le jeu est déjà cité par GPSWorld comme un adjuvant potentiel pour la reconstruction du monument. Nous ne prétendrons donc pas que Minecraft pourra aider à reconstruire la cathédrale. En revanche, il est tout à fait intéressant d’envisager Minecraft comme le média portant une mémoire plus personnelle de ce monument. Minecraft peut être considéré comme un bon moyen de présenter ce patrimoine à ceux qui ne l’ont pas connu.
D’abord, parce que Minecraft, fondamentalement, c’est un jeu de construction. Cette considération est avant tout symbolique, mais elle a du sens. Assassin’s Creed, c’est un jeu dans lequel la construction est absent du gameplay et où la cathédrale, au mieux, est un élément de décor, un accessoire, d’une certaine manière. Dans Minecraft, chaque bloc peut être modifié par le joueur, et c’est ce pouvoir de création qui est particulièrement intéressant pour transmettre la mémoire d’un monument appelé à se reconstruire.
Plus concrètement, Minecraft permet à chacun de construire comme il l’entend. Entendons-nous bien : aucune représentation ne sera possible, pour des raisons objectives (des blocs ne permettent pas une reproduction parfaite) et subjectives (personne n’a parfaitement en tête le plan de la cathédrale). Mais c’est pourtant ce qui rend Minecraft intéressant pour cette démarche. Grâce à Minecraft, chaque personne qui aura vu ou visité Notre-Dame pourra transmettre sa mémoire du monument, dans toute sa subjectivité à autrui. Chaque map pourra être vécue comme un témoignage de son créateur, qui pourra ainsi raconter comme il a connu Notre-Dame, de manière plus ludique qu’un témoignage écrit ou oral.
C’est justement un point central : Minecraft, par essence, est ludique. C’est un jeu, de surcroît apprécié par les jeunes. Dès lors, plutôt que de transmettre la mémoire de ce que fut Notre-Dame par écrit ou à l’oral, Minecraft peut s’avérer plus adapté. D’une part parce que le témoin pourra transmettre à autrui une expérience – ludique, de surcroît – plus encore qu’un témoignage. De l’autre, parce que le joueur pourra concrètement visiter ce que le témoin a constitué. Ce sera plus qu’un souvenir, mais quelque chose de concret, qui sera sans doute plus parlant pour les jeunes générations.
Les représentations de Notre-Dame dans Minecraft fleurissent déjà depuis plusieurs années dans Minecraft. Et alors que la cathédrale a vu sa nature profondément bouleversée, il apparaît pertinent de faire un tour d’horizon de ces représentations, qu’elles datent d’hier ou d’il y a quatre ans.
Notre-Dame dans Minecraft
Notre-Dame en builds
La façon la plus simple de rendre hommage à Notre-Dame et de la représenter dans Minecraft, c’est encore de recourir à un bon vieux build, quelques blocs posés à la main ou avec l’assistance de VoxelSniper. Parmi les nombreux builds existant, on peut d’abord citer celui de bubblefouasson, publié en décembre 2016, qui reproduit extrêmement fidèlement l’architecture extérieure de la cathédrale. Son contrepoint pourrait être incarné par la version de Noxah_, légèrement moins détaillée à l’extérieur, mais qui a intégralement aménagé l’intérieur du monument, de telle sorte qu’on a, en le visitant, l’impression fugace d’y être.
Minecraft à la carte
Minecraft à la carte est un outil créé par l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) qui commence à faire son chemin dans Minecraft. Il permet d’importer un espace du territoire français directement dans Minecraft. Cet outil avait notamment été utilisé lors du concours #CraftTaVille organisé par le Ministère de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales.
La revue M@ppemonde a illustré ces applications de Minecraft à la carte en prenant l’exemple d’une reproduction de Notre Dame dans Minecraft. Vu le degré de précision de cet outil, le résultat est expérimental, pour ne pas dire limité. Mais la démarche est intéressante, en ceci que cette fois, ce n’est plus un humain qui livre sa représentation de la cathédrale, mais un algorithme.
Notre-Dame en worldmap
D’une manière un peu similaire aux builds, Notre-Dame a également fait l’objet de constructions visitables via une worldmap. Celle de PixelSquad, notamment, a le mérite de placer ce monument dans un contexte. Notre-Dame de Paris n’y est certes pas entourée d’une reproduction de la capitale, mais les arbres qui l’entourent sont déjà plus satisfaisants qu’une étendue plate. L’intérêt de la worldmap, c’est aussi que la création devient plus accessible : plus besoin d’avoir Minecraft, il suffit d’un navigateur pour visiter la cathédrale. De quoi inciter des personnes extérieures peu coutumières de Minecraft à s’intéresser à ce support.
Notre-Dame après le 15 avril 2019
Toutes ces représentations ont généralement plusieurs années et, on l’a vu, sont la représentation d’une cathédrale qui n’existe désormais plus sous cette forme. MinecraftRepro, à l’inverse, a pris le parti de modifier une de ses précédentes représentations de Notre-Dame de Paris pour y intégrer les échafaudages et les dégâts matériels subis par la cathédrale le 15 avril. Un bon moyen de rendre hommage à ce monument, mais aussi de se souvenir de cet événement.
3 commentaires
Pouvons nous télécharger cette map ?
C’est quoi cette map?
600 millions la map